vendredi 29 juin 2012

Balade sur l'arête des Dômes de Miage

Content ! Heureux !
Encore une belle course en haute montagne bien réussie, avec les amis Seb et Jean Louis. Ce n'était pourtant pas gagné d'avance: Seb avait mal aux dents, Jean Louis ne pouvait plus utiliser son bras droit suite à une mauvaise chute sur l'épaule lors d'un entraînement au trail ! Quant à moi, j'avais très vite trouvé les limites de mon endurance lors de notre précédente sortie au Tondu: la remontée au col d'Enclave avait été une longue agonie, et j'avais du piocher dans les réserves avant de sombrer dans une sieste réparatrice. Je nourrissais donc quelques inquiétudes quant à ma capacité à suivre les deux trailers fous tout au long des 2600 m de l'ascension (sur 2 jours) des Dômes de Miage, et de la longue descente d'une seule traite depuis le sommet à 3660 m jusqu'au parking de Notre Dame de la Gorge.
 Heureusement, nous avons su réunir tous les éléments qui conditionnent la réussite: pour ma part, j'ai enfin trouvé les chaussettes miracles, à la fois douces avec des bouclettes moelleuses, et pas trop épaisses pour ne pas comprimer les orteils, et j'ai encore considérablement allégé mon sac en choisissant délibérément une configuration short + collant (qui a déclenché quelques quolibets de la part de mes équipiers mais tellement efficace sur le terrain !) en lieu et place du traditionnel pantalon d'alpinisme trop lourd et surtout trop chaud, et en oubliant (très involontairement) gants et coupe-vent ! J'ai aussi trouvé LE petit encas qui permet de repartir du bon pied: de la pâte d'amande au cacao, en barre de 250g ! Jean Louis aussi est parti en "mode light": pas de baudrier et pas de frontale ! Mais c'est surtout sa longue expérience des efforts de très longue durée, sa capacité à gérer la souffrance, et sa vista qui lui ont permis de se jouer de la neige, du vent et de l'altitude, et de faire d'une course en haute montagne avec un seul bras une véritable promenade de santé ! Quant à Seb, il a su utiliser sa volonté de fer et sa fierté d'homme du sud pour transformer sa rage de dents en une rage de vaincre irrésistible qui l'a magistralement propulsé au sommet.
 Surtout, et plus sérieusement, nous sommes partis avant que la chaleur ne tombe sur la montagne: à 9h, nous étions sur la voie romaine, en face de la chapelle de Notre Dame de la Gorge.


 Nous sommes donc montés dans une relative fraîcheur, le long du torrent, dans un décor des plus champêtres.


Les parfums d'un futur beaufort, ou reblochon ?
 Nous avons franchi sans encombres le "Mauvais Pas", escaladé le passage raide de "Tré la Grande", Seb et Jean Louis par les rochers de la rive droite, et moi beaucoup plus classiquement par le glacier. Enfin, les lacets du sentier de la moraine nous ont permis d'arriver au refuge des Conscrits à 15h15, pour Seb et Jean Louis, 15h30 pour moi, car j'ai pris la liberté de m'arrêter un instant pour photographier les charmantes linaires des Alpes et autres pédiculaires qui égayaient le bord du chemin !

Linaria Alpina (linaires des Alpes)
Aussi appelées Muflier, ou bien Gueule-de-lion des Alpes
Pedicualris Gyroflexa = pédiculaires arquées (ou de Kerner ?)
 Une fois les sandwichs dégustés sur un rocher, nous avons pris le temps d'aller vérifier le confort des matelas du refuge, ce qui fut sans aucun doute la véritable clé de la réussite ! La petite sieste réparatrice permet de bien compenser l'heure de départ très matinale du lendemain, de bien reposer les jambes et de détendre les muscles avant même le repas du soir. Le dîner lui aussi est très important pour "refaire le plein": en refuge il est toujours copieux: soupe de légumes accompagnée de tomme (pour se réhydrater), crozets (pour les sucres lents, 3 assiettes c'est absolument VITAL) et viande blanche pour éviter les toxines + un petit dessert.
 Nous passons la soirée en terrasse, face au Tondu, à écouter un guide parler à ses clients de base jump, depuis sa tendre enfance où il sautait dans un tas de foin depuis le toit de la grange, armé d'un parasol, jusqu'aux derniers sauts qui ont eu lieu très récemment au Brévent, de la folie pure !

Lumière du soir sur Tré la Tête
et sur le Tondu, depuis la terrasse du refuge

 Le jour J: réveil à 3h15 ! Petit déjeuner les yeux mis clos. Puis descente dans le hall d'entrée pour s'équiper. On découvre avec stupeur que Jean-Louis n'a ni baudrier ni frontale ! Depuis que je suis expatrié dans le 74, il y a parfois du flottement dans la préparation matérielle des courses en montagne !! Mais ce n'est pas bien grave: je bricole un simili-baudrier avec une sangle, ce n'est pas très confortable, en cas de chute dans une crevasse ça peut entraver un peu la circulation sanguine dans les jambes, mais d'une manière générale, lorsque j'ai le moindre doute sur la solidité d'un pont de neige, soit on cherche un autre passage, soit on fait demi-tour, donc pas d'inquiétude. Et puis en marchant entre Seb et moi, Jean-Louis pourra se passer de lumière: Seb éclairera à l'avant, et de l'arrière, je dirigerai le faisceau de mon "phare" dans ses pieds ! On marchera ainsi, bien groupés, jusqu'au glacier où il est prévu qu'on arrive avec les premières lueurs du jour. On pourra donc s'encorder (et s'espacer) et ranger les frontales dans le sac !
 4h15: top départ. Nous ne sommes pas seuls à marcher en direction du col Infranchissable. Seb et Jean Louis sont maintenant bien réveillés, ils impriment un rythme assez soutenu et nous rattrapons rapidement les groupes partis quelques minutes avant nous. Un peu avant de prendre pied sur le glacier, nous chaussons les crampons et nous nous encordons. La température est plutôt douce, le regel inexistant, mais la neige de névé porte assez bien, nous n'enfonçons pas trop.

6h10; l'aube sur le Goûter
 A 6h55 nous débouchons sur l'arête au col des Dômes. Le vent devient mordant.

6h50 au col des Dômes
Il souffle un petit bisolet !
Jean Louis suivi de près par une cordée de 3. A l'arrière plan: Bionnassay, Goûter, Mt Blanc
 
Encore quelques pas et nous sommes au 1er sommet pour découvrir la vue sur la fameuse arête des Dômes, celle qu'on peut admirer dans de nombreuses vitrines de St Gervais.

7h07: la mythique arête des Dômes de Miage sort de la pénombre

Derrière nous: de Tête Carrée à Tête Blanche
 Soudain, le soleil passe au-dessus du Mt Blanc et vient réchauffer la pente S-E des Dômes. Nous sommes pile à l'heure au rendez-vous, on a tous les trois les mêmes yeux écarquillés que les gamins devant les cadeaux sous le sapin de Noël.



7h08: le tout premier rayon de soleil. Et personne encore sur l'arête !

Mais on se fait rapidement doubler !
 Nous nous détachons. L'arête est en neige, il n'y a pas de glace, chacun de nous possède l'aisance et l'assurance nécessaire pour avaler cette arête sans tomber. A cette heure, dans la lumière du petit matin, ce chemin suspendu entre terre et ciel est véritablement envoûtant. Pendant un vingtaine de minutes nous marchons ainsi, fouettés par le vent, baignés dans la lumière rasante du soleil, au sommet d'une pente fuyante d'une blancheur éclatante qui contraste avec le vert des alpages 1500 m plus bas.
Vue plongeante depuis le sommet, sur l'aiguille de la Bérangère, 250 m plus bas
Le Mt Blanc, derrière nous
 Nous ne nous attardons pas au sommet. Il est 7h30, il fait encore frisquet, et la descente s'annonce longue. On s'encorde  à nouveau pour descendre la partie supérieure du glacier d'Armancette. Sur ce versant Ouest la neige est pourrie: une croûte cassante recouvre une épaisse couche de "soupe" assez humide. Heureusement la pente est déjà bien tracée: une cordée de 3 nous précède et nous croisons d'autres cordées qui effectuent la traversée dans l'autre sens, pour aller probablement au refuge Durier et tenter ensuite le Mt Blanc le lendemain. Nous arrivons rapidement au col, puis au sommet de la Bérangère.

Le col de la Bérangère
 

Un coup d'oeil en arrière
Seb et Jean Louis escaladent les derniers mètres en rocher, sous le sommet de l'Aiguille de la Bérangère
 

Une partie de la descente du Dôme Sud de Miage au col de la Bérangère
 Je range définitivement la corde dans le sac. Maintenant, il n'y a plus de glacier (ou presque), plus de crevasses, plus d'arêtes, juste 2500 m à descendre !
 Du sommet au refuge, les névés en pente douce nous permettent de perdre de l'altitude rapidement et sans effort. Nous courons presque, la neige juste ramollie amortit les chocs, et nous autorise parfois de belles glissades (dont une sur le ventre pour Seb qui s'est fait piéger par la sous-couche dure dans une portion plus raide). A 10h00 nous sommes de retour au refuge des Conscrits. Il est trop tôt pour le casse-croûte. D'un commun accord, on décide de filer jusqu'au refuge de Tré la Tête pour se restaurer. La moraine est descendue au galop dans un grand nuage de poussière. On atterrit sur le glacier, en glace vive. On rechausse les crampons, jusqu'aux petits névés qui résistent encore. Hier nous avions franchi une petite crevasse, d'un bond agile. Aujourd'hui cette crevasse s'est élargie, et surtout, tout un pan de neige s'est affaissé et laisse entrevoir un trou TRES profond, au fond duquel on entend couler les eaux de fonte du glacier. Pas d'hésitation, il est hors de question de s'aventurer sur ce névé visiblement fragile, il faut trouver un itinéraire bis ! Je contourne la crevasse par la gauche, en marchant sur la glace recouverte de quelques cailloux. Le sentier du Mauvais Pas est remonté ventre à terre et à 12h15 nous sommes au refuge de Tré la Tête. Et là, c'est la déception: nous arrivons trop tard, il n'y a déjà plus de crumble pomme-banane ! Tant pis, nous nous contenterons de la "Salade Tré la Tête" très complète et copieuse !
Nous repartons aux alentours de 13h20 pour dévaler les 760 derniers mètres de descente en 1h15 !



A noter que le cheminement sur la moraine puis sur le glacier devenant dangereux, un nouveau sentier est en cours d'aménagement: vidéo sur TV Mountain.

dimanche 24 juin 2012

Le tour du Tondu

On a pas réussi à atteindre le sommet, alors on a "tourné autour" !!
Départ à 5h40 du parking des Lanchettes, à 1970 m, au bout de la route des Chapieux. Objectif: le Tondu (ou à défaut le Pain de Sucre du Tondu), par le col du Tondu puis l'arête N-E, cotée PD (Peu Difficile). En fait la partie la plus compliquée (arête étroite et aérienne) se situe entre le Pain de Sucre et le véritable sommet du Tondu.
Une boucle d'environ 10 km pour 1600 m de D+

Au départ, nous échangeons quelques mots avec Christian, l'icône savoyarde de skitour, plus connu sous le pseudo de "Véloski". Deux de ses amis ont passé la nuit au bivouac d'Estelette pour escalader l'arête S-E de l'aiguille des glaciers. Il a rendez-vous avec eux au sommet du Dôme de neige et part avec les skis sur le sac, pour sans doute la dernière sortie de la saison.

Le sentier est assez raide et nous prenons rapidement de l'altitude. Seb qui court beaucoup en montagne, ne lambine pas. Hors de question de s'allonger dans l'herbe pour photographier les petites fleurs ! Heureusement, de temps à autre il s'arrête pour boire une ou deux gorgées. J'en profite pour me retourner et mettre en boîte un joli banc de brume matinale.
Il est 6h20, le soleil arrive au Col de la Seigne
Nous atteignons les premiers névés en neige bien dure, puis la moraine du glacier des Lanchettes, et enfin le pied du col du Tondu, aux alentours de 7h20. Vu de face, ce col se présente comme un véritable mur et si nous n'avions pas tous les deux regardé de nombreuses photos sur internet, nous pourrions penser que nous n'arriverons jamais à l'escalader. En fait l'impression est trompeuse. Il suffit de s'en approcher par le côté et de le voir de profil pour se rendre compte qu'il n'est pas si raide que ça, et qu'une belle vire très confortable permet de s'élever en douceur, d'autant plus sereinement et sans avoir à chercher l'itinéraire, que des câbles sont installés sur toute la longueur du passage.
Une cordée nous précède sur cette vire: en réalité, "c'est rando" !
Deux alpinistes attaquent l'ascension du col, ils sont sur la droite, un peu au-dessus du névé.
7h35: c'est au tour de Seb de s'élancer sur la vire:
En fait, le danger vient du câble lui même: par endroits, il est effiloché et on se blesse facilement les doigts si on le garde en main pendant que l'on avance.
Une petite vidéo pour constater que Seb se balade, une vraie promenade de santé !

8h, nous sommes au col, et au soleil, la vue se dégage et nous pouvons observer la suite de l'itinéraire. L'arête ne parait pas bien méchante. Nous pourrions facilement descendre quelques mètres pour prendre pied sur le glacier du Tondu, mais cette arête ne nous fait pas peur !
Seb grimpe sur un tas de cailloux !

Le cheminement est facile à trouver. En fait ça passe bien un peu partout. Ce n'est pas une arête fine et aérienne (du moins pas encore) et on peut progresser quelques mètres en contrebas ou plus près du fil de l'arête, au choix de chacun. Un petit ressaut nécessite 2 ou 3 pas d'escalade facile puis nous atteignons une pente de neige, déjà tracée. La pente est orientée à l'Est et la neige est déjà un peu ramollie. Nous ne chaussons pas les crampons, le piolet sera suffisant.
Nous approchons de l'antécime
A 9h nous sommes au Pain de Sucre. Seb tient absolument à tenter d'aller au vrai sommet. Nous nous engageons sur l'arête, mais rapidement nous tombons sur un passage "en rasoir", avec pas mal de "gaz", de chaque côté. Nous n'avons pas une accoutumance au vide suffisante, ni une technique d'encordement sur arête assez éprouvée pour franchir cet obstacle. Je connais la théorie: "il suffit" de passer la corde de l'autre côté des becquets rocheux, mais je ne possède pas la pratique et sur ce passage, il ne faudrait pas se louper ! Après quelques hésitations, nous décidons le demi-tour et revenons au Pain de Sucre où nous voyons arriver un "ancien". Un véritable personnage surgit tout droit des années 40 ou 50 ! Il a peut-être bien 70 ans (ou 65 au bas mot !), et son équipement semble avoir le même âge que lui: chaussures "old school" à semelles trop souple pour pouvoir être cramponnables (en tous cas pas avec les crampons d'aujourd'hui), 2 paires de chaussettes (une rouge montant jusqu'aux genoux + une autre blanche à la cheville), knickers de laine, chemise (certainement de ces vieilles chemises qui grattent horriblement), pull en laine et sac à dos en toile aussi large que haut. Un anachronisme ambulant. Il se dirige tout droit et sans hésitation, sur le passage "du rasoir". Combien de fois l'a-t-il déjà franchi ? 10 fois ? 20 fois ? Peut-être bien plus ! A cet instant, la cordée qui nous précédait redescend du sommet et se présente à l'autre extrémité du passage aérien et exposé, elle s'y engage en marchant quelques dizaines de centimètres sous le fil de l'arête, versant Est. Eux ont tout l'équipement moderne: vêtements techniques, casques, corde, piolet ... Notre "ancien" s'engage lui aussi dans le passage, mais par le versant ouest. Il croise la cordée "contemporaine": j'enrage d'avoir été tellement "scié" et bluffé que j'en ai totalement oublié la photo ! Il marche nonchalamment, sans doute sur une petite vire que nous n'avions pas vue, en posant une main sur le rocher. A le voir avancer, on croirait qu'il y a une véritable route ! Le temps d'avaler un "tube" de compote et le voilà au sommet, quelques secondes, sa silhouette se détache sur le ciel, comme à la grande époque de l'alpinisme: un pied sur un rocher, la main opposée sur la hanche !
Serons-nous toujours capables, Seb et moi, dans 25 ou 30 ans, de remonter là haut ?

Après ce moment d'anthologie, je prends tout de même quelques photos de paysage:
Col Infranchissable, Dôme du Goûter, arête des Bosses, Mt Blanc
Lacs Jovet, Aiguilles de la Pennaz
Les mêmes que précédemment, mais avec le sommet de Bionnassay tout à gauche
Le sommet du Mt Blanc
La vue panoramique
 10h: Nous chaussons les crampons et Seb entame la descente de l'arête Nord, en neige.
A 11h nous atteignons le passage délicat et exposé. Au printemps dernier, en ski, cet endroit ne posait aucun problème.
Mais aujourd'hui, la neige a fondu, l'eau ruisselle partout, formant plusieurs petits torrents, et le passage étant encore à l'ombre, de nombreuses pierres sont encore recouvertes d'une fine pellicule de verglas. Sans doute le passage le plus délicat de toute la journée !
Un peu plus bas nous assistons médusés à une poursuite de marmottes, elles ont littéralement "débaroulé" comme on dit à St Etienne une petite barre rocheuse pour continuer à se courir après sur le névé ! Là encore j'ai totalement oublié le "réflexe-photo" !

J'aurais bien cassé la croûte au bord d'un des lacs Jovet mais Seb préférait monter les 500 m du col d'Enclave avant de manger ! Nous avons donc coupé un peu dans la pente en dévers, sans descendre jusqu'aux lacs.
Primevères hirsutes (ou visqueuses), nom scientifique: Primula Hirsuta
 Cette montée au col d'Enclave est très raide et fut véritablement très pénible pour moi et je suis arrivé complètement exténué. Les sandwichs rapidement avalés, nous nous sommes offerts 30 minutes de sieste au soleil !
Depuis le col d'Enclave, vue sur les lacs Jovet
Pour la suite de cette balade, j'avais prévu de continuer par le col de la Grande Ecaille, mais pour rejoindre ce col, il faut passer par une petite pente en dévers qui domine une barre rocheuse. La sente n'y est pas très marquée et surtout, la neige n'a pas encore complètement fondu dans cette pente, rendant le passage (déjà exposé par nature) un peu trop tendu à notre goût.
Nous cherchons un itinéraire bis. Seb me demande si j'ai la carte. Evidemment, par soucis de légèreté, je l'ai laissée dans le fourgon. MAIS, je l'ai tout de même potassée avant de partir. Je sais
1- que la carte IGN n'indique pas d'autre chemin que celui du col de la Grande Ecaille (en pointillés rouges)
2- que la combe de Bellaval où nous nous trouvons est semée de petites barres rocheuses,
3- ma longue expérience d'abord de VTTistes des bois puis de randonneur en montagne m'a enseigné que les cartes IGN ne sont pas toujours justes et exactes, voir qu'elles sont souvent obsolètes,
4- nous nous trouvons sur un itinéraire qui peut être une variante du Tour du Mont Blanc, donc potentiellement très fréquenté,
5- j'ai tout ce qu'il faut dans le sac pour pouvoir éventuellement poser un rappel de 22 m.
Nous décidons donc d'aller voir ce que l'on peut voir depuis un petit promontoire situé à quelques pas au sud du lac d'Enclave. (Qui ferait d'ailleurs un splendide emplacement de bivouac !): La suite est prometteuse: quelques névés en pente douce qui rendent la marche facile et agréable et la descente assez rapide, et d'autres petits promontoires. Seb aperçoit un panneau, et moi des cairns énormes ! C'est bon signe. Les panneaux indiquent la direction du col de la Grande Ecaille à l'Est (zut, c'est le chemin qu'on ne veut pas prendre) et de Maisons Longe à l'Ouest, nom qui ne nous évoque rien ! Nous ne voulons aller ni à l'Est, ni à l'Ouest, nous voulons aller au Sud, vers le bas ! Dans cette direction, il n'y a pas de panneaux, mais il y a des cairns. Qui nous guident très efficacement et nous permettent de trouver un excellent cheminement au milieu des petites barres.
Si bien que nous arrivons rapidement aux chalets de Bellaval, non pas sur un tapis rouge, mais sur un tapis vert, clairsemé de blanc et de jaune.
Le col de la grande Ecaille à gauche
Le cirque de Bellaval; barres rocheuse, cascades ... et un chemin au milieu
Ca me rappelle un très vieux fond d'écran Windows !!!
 Et voilà, encore un peu de marche en dévers dans les prés pour couper les lacets de la route et nous rejoignons le parking des Lanchettes aux environs de 16h15, 10h30 après en être partis ! Encore une belle banbée !

 

mercredi 20 juin 2012

Oracles, prophètes et scientifiques

En cette semaine de baccalauréat où tous les médias donnent traditionnellement l'occasion à tous les français, parents ou non de grands enfants, de tenter, une fois l'an, de répondre à des sujets de philo, j'ai envie aujourd'hui, de poser moi aussi ma petite question qui fait réfléchir !!!
Attention, soyons bien clair dès le début, l'expression "qui fait réfléchir" est SANS AUCUNE prétention, je ne suis pas philosophe, ni enseignant, ni rien du tout. C'est juste histoire livrer au monde entier (Rien que ça ? Ben ouai !) une réflexion que je me suis faite dans la journée, souvent inspirée par l'actualité, un article de presse ... et bien sûr de récolter des avis, opinions, contradictions ... (les commentaires sont ouverts)
Et aussi histoire de montrer, si besoin était, que les gens qui font du sport, les montagnards, les coureurs à pieds, les cyclistes ... ne sont pas que des brutes ahuries !

Bref, donc aujourd'hui, j'inaugure cette nouvelle rubrique avec ce titre accrocheur et un peu provoc':

Oracles, prophètes et scientifiques

 Cette idée ("aussi sotte que grenue" ©Dominique) de mettre dans le même sac des gens que tout oppose - jadis, dans les temps anciens, oracles, prophètes et prophétesses prédisaient l'avenir en lisant dans les entrailles de poisson (comme dans Astérix) ou en mâchant des plantes aux vertus plus ou moins hallucinatoires, et surtout, ils transmettaient une parole divine, donc totalement dénuée de fondements rationnels, de raisonnements logiques basés sur l'observation de faits ... - cette idée donc, m'est venue en lisant une interview d'un Nicolas Hulot pour le moins amer de constater que la crise économique a fait tomber l'écologie aux oubliettes. Ce qui l'amène en conséquence à "muscler son jeu" (comme disait Aimé Jacquet), à radicaliser son discours, à se "mélenchoniser". D'ailleurs, ne confie-t-il pas avoir voté pour Jean Luc Mélenchon au 1er tour de la présidentielle ?

Attention, mon propos n'est pas de donner totalement et entièrement raison à Nicolas Hulot, qui est peut-être un peu alarmiste, et surtout, qui n'est pas un chercheur, qui n'est pas un scientifique. Comme les prophètes de l'antiquité, il n'est qu'un relais, un homme médiatique, un média, qui transmet un message à l'opinion publique, et accessoirement au monde politique. A une différence près tout de même: les prophètes antiques étaient censés relayer une parole divine. Alors que Nicolas Hulot (et d'autres, heureusement il n'est pas le seul) relaie les propos de chercheurs, de scientifiques, dont les données ont été vérifiées, discutées, débattues, peut-être même "harmonisées" entre plusieurs équipes (comme les notes des bacheliers !). Il me semble donc que la parole de Nicolas Hulot (même si elle est un peu radicalisée) est cent fois plus crédible que celle des oracles et prophètes du monde antique. Et pourtant, aujourd'hui, en lisant le journal, j'ai l'impression que la parole écologiste de Hulot, Eva Joly, Dany Cohn Bendit et consorts est cent fois moins entendue que celle de la Pythie, qui était consultée pour des prises de décisions politiques de la plus haute importance en des temps troublés (guerres médiques, guerre du Péloponèse ...).

Aujourd'hui, nos sociétés viennent de vivre deux siècles de progrès scientifiques absolument sidérants. Qu'aurait bien pu répondre la Pythie si on lui avait demandé ce que pensait dieu de la probabilité que l'homme aille un jour sur la lune ? Ou même tout bêtement dans le ciel, dans les nuages ? Qu'aurait-elle répondu si on lui avait demandé s'il était sage ou stupide d'encourager et de développer les sciences, les mathématiques ... ?
Aujourd'hui c'est aux savants, aux chercheurs, que nous devons l'électricité, le moteur à explosion, le vaccin contre la rage ... Et pour demain ? Nos enfants pourront-ils dire qu'ils doivent aux scientifiques le vaccin contre le SIDA, la voiture "propre" ou "alternative", l'électricité d'origine solaire ou éolienne ? Ou bien devront-ils dire que c'est aux politiques qu'ils doivent le retour à la charrette à boeufs et à la diligence, l'éclairage à la bougie, parce que nos politiques auront refusé de comprendre à temps que les ressources ne sont pas infinies et de promouvoir de nouvelles industries. A l'époque de la découverte du charbon, on a développé l'industrie du charbon (et pourtant, il fallait l'extraire ce charbon, et c'était pas si facile, elles en ont pris des vies humaines, les mines de charbon !), puis à la découverte du pétrole, on a développé toute une industrie du pétrole (déjà plus rentable que le charbon), puis à la découverte de l'atome et de l'uranium, on a vu pousser les centrales atomiques (qui tournent toutes seules, ou presque !) ... et à la "découverte" des énergies solaire et éolienne ... que se passa-t-il ? ... pour l'instant, pas grand chose. Il est vrai que les grands groupes pétroliers et nucléaires ne sont pas encore morts !

Aujourd'hui, tous les pays modernes financent, investissent (de moins en moins en France, il faut bien le reconnaitre) dans la recherche. Mais les politiques refusent d'entendre la parole des savants, des scientifiques, des chercheurs. Alors je pose la question: A quoi sert-il de financer la recherche et la science si on n'écoute pas plus les chercheurs d'aujourd'hui que les prophètes d'hier ?
"Science sans conscience n'est que ruine de l'âme", cette citation est pourtant un classique du cursus de tout bon bachelier français. Nos énarques oublieraient-ils leurs fondamentaux ??
Personnellement, j'aime assez la conclusion de Nicolas Hulot:
" Si on les méprise trop longtemps, les indignés d’aujourd’hui n’ont pas vocation à rester éternellement gentils."
Et là, pour le coup, à prophétiser la révolution, il se prend carrément pour un oracle !!

Et c'est marrant mais on a là l'archétype de la dialectique du classique film catastrophe hollywoodien: les experts scientifiques annoncent l'imminence d'une catastrophe naturelle majeure (tremblement de terre, éruption volcanique, tsunami ...). Ils ne savent pas dire précisément si ça va avoir lieu demain ou la semaine prochaine ou le mois prochain, mais ils sont formels, ça va être une catastrophe MONUMENTALE, il faut immédiatement évacuer la population de toute la ville ! Et là bien sûr, le maire dit qu'il ne peut pas évacuer la ville sans savoir précisément QUAND la catastrophe aura lieu, si elle a bien lieu, car le politique a toujours un doute à propos des prévisions scientifiques (on se doute qu'il doit avoir un gros contentieux avec son ancien prof de maths ou de physique chimie ...). Bref, le maire désire surtout ne pas affoler la population et ne pas passer pour "celui par qui la catastrophe est arrivée" ... et bien sûr ce qui doit arriver arrive et le maire est généralement un des premiers à rôtir dans les flammes de l'enfer. C'est toujours très simpliste mais ça fait souvent de grosses audiences sur TF1 !

samedi 16 juin 2012

Randonnée naturaliste au lac d'Anterne

Après la pluie, le beau temps ! Je décide donc pour me dérouiller les pattes, d'aller voir où en est la fonte des neiges du côté du col puis du lac d'Anterne.
En juin le soleil se lève TRES tôt. Départ du parking à 6h30, il fait jour depuis longtemps.
Soleil rasant sur l'herbe verte et le Mt Blanc

La montée se fait par paliers: une raide 1ère montée jusqu'au sommet des pistes de Plaine Joux, à 1600 m puis un kilomètre de plat jusqu'aux chalets des Ayères, suivi d'une nouvelle côte, puis d'une longue traversée entre le torrent du Souay en contrebas à droite, et les parois des Fiz à main gauche.
Arrivé à quelques encablures du refuge d'Anterne, il ne me reste plus que 250 m à gravir. Quelques névés finissent de fondre et les fleurs fleurissent à qui mieux mieux !

L'habitant de cette gentiane met le nez à la fenêtre pour faire coucou aux randonneurs !

Au col, je pivote sur 180°,  la vue est des plus "classiques" mais elle est toujours saisissante:
Aiguille du Midi, et les "3 Monts"
Mt Blanc face Nord, Grand et Petit Plateau ...
 De l'autre côté, c'est un versant Nord et la pente est totalement enneigée. Mais la température est estivale et malgré l'heure encore matinale (9h), la neige est déjà très molle, et les 200 m de D- qui me séparent du lac sont très vite descendus.
Le lac d'Anterne est encore partiellement sous la neige
Un petit filet d'eau de fonte a fait reculer la banquise !
Je longe lentement la rive enneigée.
L'eau est cristalline, mais elle doit être frisquette !
La Pointe d'Anterne domine le lac
Des trainées cuivrées au fond de l'eau

On dirait des oeufs qui flottent à la surface, peut-être de futurs batraciens ?
Une renoncule a les pieds dans le ruisseau
Celle-ci est totalement immergée



Du calcaire, des lapiaz, une mini-pelouse qu'on pourrait croire synthétique, et les androsaces pullulent !
 

Une boule de myosotis
J'arrive au sommet d'un petit promontoire, mais un guetteur m'a repéré !



 Un broutosore, broute du matin au soir. Mais ne croyez pas que je suis à deux doigts de lui marcher sur la queue ! Le zoom est presque à fond: 270 mm !
Je redescend ensuite en direction de l'autre bout du lac, l'extrémité Ouest, et là, surprise: j'entends le bruit d'un torrent, ce qui est normal, il faut bien que l'eau descende dans la vallée ! Mais je ne le vois nulle part !
Le "bout du lac" !
Départ du torrent, sous un imposant névé
Début et ... fin du torrent !
Incroyable, ou peut bien aller l'eau du torrent ?
 Les géographes et géologues auront deviné: nous sommes en terrain calcaire, le Désert de Platé est tout proche, et le calcaire est une roche "tendre", c'est un vrai gruyère, et dans le calcaire, souvent, l'eau ne coule pas en surface, mais "dans" le rocher. Ceci est la "perte" du lac d'Anterne. La résurgence se trouve 170 m plus bas ... qu'il faudrait remonter ensuite, la chaleur commence à devenir caniculaire ... j'irai un autre jour !




Une nouvelle gentiane
 
Mini nuage au dessus de la Pointe de Sales
Les 3,5 km de la paroi Est des Fiz, de la Pointe d'Anterne à la Pointe de Sales
 Ayant pratiquement bouclé le tour du lac, je remonte au col.

La meringue se craquèle !
Des randonneurs au col, devant l'Aiguille du Plan


L'énorme surplomb du Marteau !