mercredi 22 février 2012

Deux jours de (re)découverte du bassin de Talèfre


Véronique et la Truffe en vacances dans le Midi, du soleil, une irrésistible envie de s'oxygéner la tête, de couper un peu la routine quotidienne, de s'isoler de la civilisation, Seb toujours partant, tous les ingrédients sont là pour une belle aventure en haute montagne.
Après quelques hésitations sur les Dômes de Miage (peut-être trop haut, trop venté, trop tôt en saison ...) notre choix se porte finalement sur le refuge du Couvercle et le bassin de Talèfre. Pour l'objectif du 2ème jour, on se dit qu'on verra sur place, en fonction des conditions de neige, de notre état physique ... Au mieux, on ira au col de la Tour des Courtes, au minimum, on se promènera sur le glacier !! Pas de couloir au programme, donc Jérôme est aussi du voyage. Quant à Bougnat, il parait qu'il se ressource en Auvergne !
Une fois n'est pas coutume, nous délaissons le téléphérique pour prendre le petit train du Montenvers. Premier départ à 10h: il n'y a pas foule: seulement 3 ou 4 freeriders avec des skis de 20 cm de large, et une poignée de touristes. Depuis la terrasse, à la sortie du train, je photographie le couloir Spencer, sous l'Aiguille de Blaitière, un des objectifs de la saison:
Il semble déjà bien enneigé. Mais le passage critique, qui demande un fort enneigement est un peu plus bas et doit être observé de la vallée !
Nous commettons l'erreur de chausser les skis devant l'hôtel, et après 3 virages et un rapide coup d'oeil sur la carte, nous réalisons que le sentier du chalet des Mottets se trouve de l'autre côté de la voie ... on déchausse, rien à droite, rien à gauche, hop on se laisse glisser sur la voie, on fait traverser les skis, bâtons, sacs, on grimpe de l'autre côté et on rechausse. Encore quelques minutes pour descendre une courte pente raide et nous voilà sur le sentier, où nous surprenons un chamois, qui semble à bout de forces.

La descente jusqu'à la buvette des Mottets est un peu "rock 'n roll" entre les sapins et les énormes rochers. Aux alentours de midi nous sommes au pied de la langue terminale de la Mer de Glace, à 1650 m d'altitude, et nous collons les "peaux de phoque" (synthétiques) sous les skis. Six kilomètres et 1040 m de dénivelé nous séparent du refuge.
Nous sommes sous les Drus et nous voyons passer un hélico qui monte une charge en refuge.

A 13h40, nous avalons une poignée de fruits secs sous le bassin de la Charpoua:
La Verte (et le couloir en Y), et le Cardinal

Nous poursuivons ce long faux plat en rive droite où l'on peut déjà se croire (un peu) seuls au monde alors que 100 m à notre droite, la foule descend la dernière partie de la Vallée Blanche. Nous prenons pied sur la moraine et suivons peu ou prou le sentier d'été des Egralets, dépassons les échelles, et vers 14h15, la pente commence enfin à se redresser: il ne reste plus qu'un gros kilomètre et 480 m de D+.
Le glacier de Pierre Joseph nous tire la langue
Il nous faut faire la jonction entre le glacier de Leschaux où nous sommes, et le glacier de Talèfre qui se trouve 200 m plus haut. Après 2 ou 3 conversions dans une pente de neige, nous chaussons les crampons pour remonter une "écharpe" en diagonale vers la gauche afin de prendre pied dans un couloir peu pentu mais fortement exposé car il domine un petite barre rocheuse. Je me sens mal à l'aise dans ce couloir à la pente douce et un peu convexe. La neige est cartonnée, il y a eu du vent. Après 3 pas seulement, je redescends vers Seb: on sort la corde, il m'assurera en se positionnant de l'autre côté d'un énorme rocher. Nous traversons le couloir un par un, et encordés. Nous remontons ensuite par les contre-pentes de la rive droite, puis par le centre ce petit canyon qui en été doit être le lit d'un des torrents par lesquels s'écoulent les eaux de fonte de tout le bassin glaciaire de Talèfre !
 De belles mini-cascades de glace se sont formées sur la rive droite


A la sortie de ce goulet, le paysage s'ouvre à droite et à gauche sur le bassin de Talèfre:
Au fond et à gauche: l'Aiguille Verte et le couloir Whymper, l'Aiguille du Jardin, et les Droites
+ près et + à gauche, on aperçoit les refuges "du Couvercle" sous l'Aiguille du Moine
A droite: les Grandes Jorasses et l'Aiguille du Tacul
Une petite rampe s'élève à gauche pour accéder à la moraine et à une petite combe qui monte doucement jusqu'au refuge:
Seb au pied de la rampe
Seb dans les feux de la rampe !
La combe qui monte en pente douce jusqu'au refuge
17h: Jérôme est passé devant Seb. Ils terminent au courage:

17h50: Seb se chauffe les arpions !! Pendant que Jérôme s'apprête à suspendre sa veste au-dessus du poêle.
21h30: comme on fait son lit ...
 Le lendemain à 7h25, le désormais classique lever de soleil !

 Quelques vues "d'intérieur / extérieur" !!


 9h20: alors que nous sommes sur le départ, un hélico de la sécurité civile vient faire un exercice de dépose / reprise, à quelques centaines de mètres:

Il a déposé 2 secouristes !
Et repart en plongeant vers le glacier, après les avoir récupérés quelques instants après
Notre refuge et son couvercle de granit !
Le bassin du Géant
  La veille nous étions montés dans 10 cm de poudreuse très lègère, mais dans la soirée le vent s'est levé et il a soufflé une bonne partie de la nuit, et ce matin la neige est un peu "travaillée" mais elle reste très agréable à skier:
Après une courte descente (vidéo), nous rejoignons le glacier de Talèfre, aux environs de 10h. Nous collons les peaux sous les skis et suivons la trace laissée par un groupe de 8, en direction du col de la Tour des Courtes.
Nous découvrons un paysage tout nouveau pour nous:
L'Aiguille Verte avec le couloir Whymper
La face Est de l'Aiguille du Moine
Le versant S-E de la brèche du Cardinal
Seb et Jérôme s'en vont l'arête des Rochassiers et le glacier des Courtes
Un rapide coup d'oeil en arrière sur le Mt Blanc, la Vallée Blanche et les Aiguilles de Chamonix
Les Aiguilles Ravanel et Mummery
Le méchant sérac du glacier des Courtes
Seb me rejoint
 Nous sommes à 3100 m, il est midi, il fait chaud (nous sommes en sous-pull) il n'y a pas le moindre souffle d'air. Derrière, Jérôme semble subir le contre-coup de ses 41 ans, et devant, le groupe d'Allemands que nous avons presque rejoint avance péniblement dans une pente plus raide et une neige cartonnée à la fois par le vent et le soleil. Il reste 630 m jusqu'au col, soit environ 2h d'efforts. Nous ferons donc un pique nique "royal" à 3100 m:
Le glacier du Mt Mallet, dominé par l'arête de Rochefort et bordé en rive gauche par les pointes des Périades
Mt Blanc ... Aiguille du Midi
L'Aiguille du Midi, sa passerelle, sa télécabine
 

La face Nord de la Petite Aiguille de Talèfre et sa magnifique pente de glace grise: 400 m à 53° d'inclinaison, descendue UNE fois en surf, et une autre fois ... en glissade non contrôlée (fractures multiples "seulement"):



Encore quelques images "embarquées":
- La descente de la partie basse de la pente du col de la Tour des Courtes, ponctuée par un splendide roulé-boulé "tête en avant".
- La descente du glacier de Talèfre (tout plat) et du passage de la Pierre à Béranger (on a préféré éviter le goulet emprunté la veille à la montée).
- Et puis un bout du sentier des Egralets, puis la Mer de Glace, avec un morceau le long des "moulins" puis le bas qui est une véritable piste bleue où on peut envoyer des grandes courbes de slalom géant !



vendredi 17 février 2012

Souvenirs - souvenirs à la Roche Parstire, le 17/02/2012

Nous avions déjà fait le même circuit, à très peu de choses près, le 7 février 2010, avec Bougnat, qui aujourd'hui semble avoir complètement et définitivement laissé tomber le ski de rando. Nous n'étions donc que trois, Seb, Jérôme et moi, pour cette nouvelle journée de ski dans le Beaufortain.

Comme toujours en Beaufortain, de nombreux et magnifiques chalets d'alpage, presque entièrement enfouis sous la neige:


 Heureusement, on avait pas oublié la crème solaire !!

Le lac de Roselend, tout gelé
Vue plongeante depuis le sommet
La croix sommitale dépasse à peine de la neige !
 
La Pierra Menta, et juste à sa gauche le col à Tutu franchi fin février 2009
 
La brèche de Parozan traversée elle aussi à la même époque
Pendant que je trie les photos, Endy fait sa sieste (+ ou - permanente) au soleil !
Les meilleurs passages de la descente du versant ouest, résumés dans 4 minutes de vidéo.