samedi 15 septembre 2012

24 km à couper le souffle en Beaufortain

Autant vous le dire tout de suite, vous allez être déçus. J'ai oublié l'appareil photo ! Il est resté accroché à une chaise du salon !
Je n'ai donc à vous proposer que 3 pauvres malheureuses photos souvenirs prises avec le téléphone. Et puis bien sûr aussi les photos de Seb !
Au départ du Cormet de Roselend (1970 m) ce samedi matin à 7h10, nous ne sommes que deux ! Il manque Jean Louis qui a du confier son épaule au chirurgien. Sorti hier seulement de l'hôpital, il est encore trop tôt pour qu'il puisse raisonnablement nous accompagner ! Nous comptons relier plusieurs cols et sommets, combes et arêtes déjà parcourus lors de différentes randonnées en skis ou à pied.
Le profil de l'étape est disponible sur VisuGPX. Pour visualiser en détail l'itinéraire parcouru, vous pouvez récupérer le fichier gpx (tout en bas de la page, dans le paragraphe "Services", télécharger le fichier GPX), l'enregistrer sur votre ordinateur, et l'ouvrir ensuite dans Google Earth, ou peut-être encore mieux, et surement plus simple, sur le portail de "MyGPSfiles": par le biais du menu "Traces - Ouvrir (là vous ouvrez le fichier gpx que vous venez de sauvegarder sur votre disque dur), puis cliquez sur Carte - Earth 3D, puis dans le menu Fenêtres, cochez Replay, une petite fenêtre s'ouvre avec les fonctions de lecture (comme pour un CD), il faut accélérer le défilement (on marche à pied, et on ne s'appelle pas encore Killian Jornet (jusqu'à 128x selon le niveau de zoom utilisé). Et là, le paysage défile littéralement sous vos yeux, c'est impressionnant !
Le mode d'emploi et les fonctionnalités de MyGPSfiles est ici ! C'est une application qui semble assez riche et simple d'utilisation, ça fonctionne en ligne, pas besoin d'installer quoi que ce soit sur votre ordi (juste le fichier GPX qui n'est qu'une collection de points issus du GPS: coordonnées, heure, altitude)




 Après 3 petits kms de plat pour s'échauffer, le sentier s'élève franchement et brutalement, jusqu'au "Passeur de Pralognan" où la vue s'ouvre sur les glaciers de la Vanoise, ceux de la chaîne frontière .... Nous partons à gauche en direction de la Pointe de la Terrasse. A 2680 m, sur l'arête, nous sommes cueillis par une petite bise matinale. Nous poursuivons jusqu'à l'antécime. La suite de l'arête n'est pas praticable pour nous et nous devons redescendre quelques dizaines de mètres pour retrouver le sentier ... qui disparait ensuite sous une petite couche de neige dure mais accrocheuse ("bon grip" !). Volontaires, nous progressons lentement mais sûrement. Nous arrivons à un petit collu où le sentier change de versant: de la pente O-S-O il passe dans la pente N-E. Nous ne sommes plus très loin du sommet, quelques dizaines de mètres seulement. Mais l'ambiance devient sévère et le sentier est maintenant recouvert de 20 cm de neige poudreuse. Nous sommes en baskets, j'ai de grandes chaussettes, mais Seb a les mollets totalement découverts. La décision est vite prise: on dépose les bâtons et on continue par l'arête qui est moins enneigée. L'escalade est facile mais on doit franchir un court passage enneigé qui nous oblige à mettre les mains dans la neige. Dire que samedi dernier c'était l'été ! Au sommet le vent ne s'est pas calmé. Mais nous sommes au soleil. les mains dans les poches on profite de la vue à 360°: sur le massif du Mt Blanc, du Tondu aux Grandes Jorasses, sur la chaîne franco-italienne, le Pourri, la Grande Casse, la Vanoise, et bien sûr une grande partie du Beaufortain et la suite de notre parcours, au Nord s'étalent les Aravis et la chaîne des Fiz.
Ce sommet, depuis le Cormet en passant par le Passeur de Pralognan, je l'avais déjà gravi, seul, en octobre 2006.
Seb au sommet de la Pointe de la Terrasse: fait pas chaud ! Vue sur le Mt Blanc, du Tondu Aux Grandes Jorasses
Le Beaufortain: Roignais (2995 m), Pointe de Combe Neuve, Aiguille de la Nova, Face Est de Presset, brèche de Parozan, Aiguille du Grand Fond

Le tracé de la suite du parcours
On stabule pas comme on dit en Savoie. Une pâte d'amande et zou dans la descente, cette fois ci par le sentier pour éviter de jouer au chamois sur l'arête. Le froid de la neige pique un peu les mollets pendant quelques minutes mais ensuite on se réchauffe très vite. Sous 2500 m l'herbe est rase et le sol un peu spongieux, courir est un enchantement. Plus bas dans le vallon du Charbonnet quelques tarines broutent encore. On ralentit le pas et on attaque la remontée en direction des 5 lacs. Ca dénivelle bien et on arrive rapidement au 1er lac, le lac Esola. On continue par le lac Cornu et le lac Noir.
Le lac Cornu
Puis on rejoint l'arête où l'on retrouve un peu de neige, mais rien de véritablement gênant. Cependant j'éprouve un peu de peine à trouver mon second souffle. Vers 2820 m, une courte traversée dans la pente Nord nous permet de rejoindre l'arête voisine que nous descendons jusqu'au col de la Nova. De là, nous allons contourner l'aiguille de la Nova par le sud. La descente dans le versant Ouest est un véritable calvaire: c'est une pente (déjà un peu raide, 35° d'après le topo de skitour) d'éboulis schisteux, assez glissants. Heureusement quelques langues de neige nous facilitent un peu les choses.
Seb et moi connaissions cette pente et cette arête pour les avoir parcourues en ski en mars 2007, lors d'un interminable périple autour du Roignais.
Environ 400 m plus bas, virage à droite, pour monter une raide pente herbeuse, que je connais par coeur: j'y suis passé à maintes reprises, à pied (notamment en octobre 2008) et à ski en janvier 2010, avec Seb, Jérôme et Bougnat. La pente est raide, en plein soleil, j'accuse le coup. Ma connaissance des lieux m'aide beaucoup car j'avance au moral. Parenthèse: sur le tracé de cette ascension, il y a comme un gros "détour en A-R" sur la ligne des 2500 m. Bien sûr je n'ai pas fait de crochet, je suis allé tout droit en direction du collu, je pense que ce défaut peut être du à la présence d'un autre appareil (GPS ou téléphone) dans le secteur, car Seb et moi avons entendu des voix et le pilier sud de la Nova est une escalade classique du secteur. Quand j'arrive au passeur, Seb a déjà englouti 2 de ses 4 sandwichs !
Le début de la descente est délicat: pente raide et présence de neige. De plus nous constatons avec horreur que le refuge de Presset a disparu !! Il datait de 1966 et il a été jugé trop vétuste par les instances du CAF, ne répondant pas aux normes de sécurité, patati patata ... et surtout trop petit et pas assez rentable (ils parlent de 1000 réservations refusées chaque été). Hé oui, même le CAF se comporte comme une entreprise commerciale ! Comme s'il n'y avait pas assez de lits EN FACE (à La Plagne et aux Arcs !) Notez bien que pour aider à la démolition, ils ont fait monter des bénévoles, à pied ! Un petit souvenir de ce vieux et charmant refuge, lors de notre raid de 3 jours en ski en février 2009:
Jérôme mange sa soupe, devant la collection des affiches de la Pierra Menta !
Une fois au col du Grand Fond, nous avons suivi une sente horizontale sous la paroi Est de la Pointe de Presset, jusqu'à la brèche de Parozan, où nous étions aussi passés pendant la 3ème journée de ce raid. La sentier qui descend de cette brèche est raide et parsemé de petites plaques de neige fort glissantes. Arrivés au replat, nous entamons la dernière ascension du jour, en direction du Passage d'Arpire, Seb sort la carte, et après une âpre discussion, le cap est mis ... sur le point 2527. Plus on s'approche de la pente finale et plus il m'apparait que le dernière pente est fort raide et ne comporte pas le moindre sentier. Ce qui n'inquiète pas Seb le moins du monde. Un coup d'oeil au GPS confirme: on va trop à droite ! Je rectifie le cap et une petite sente nous conduit gentiment au point 2562, le Passage d'Arpire, non nommé sur l'IGN papier, mais nommé sur l'IGN du GPS (plus récente ?). L'arrivée soudaine sur la crête est un véritable choc: le Mt Blanc nous saute aux yeux. La descente dans le long de l'arête puis dans la combe est un vrai plaisir, et c'est avec le sourire que nous arrivons à la voiture, où, sur les conseils de Jean Louis, Seb avait laissé une bouteille d'eau. Merci Jean Louis !



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire