samedi 14 avril 2012

Monsieur Nez Froid et Madame Joues Rouges en canoë dans les Gorges du Gardon

Il ne fallait pas la rater. La seule et unique journée de beau temps pendant cette semaine de vacances de Pâques. C'était dans le Midi, et c'était le samedi 14 avril.
Deux rivières nous intéressent: L'Argens et Le Gardon. Après consultation de la météo, des cotes données par Vigicrues, et un coup de fil à un ami, il ressort que l'Argens pourrait bien être encore encombrée de branchages et d'arbres couchés par la dernière crue (de 2010 je crois). Sur le Gardon, il y a juste assez d'eau, la météo n'annonce pas d'orages cévenols, c'est parti direction Nîmes, Uzès, et Russan, point de départ des Gorges.
D'après le serveur de données hydrométriques temps réel, le 14 avril entre 11h et 17h, il y avait dans le Gardon, à l'échelle de Russan:
1 mètre d'eau,
et 8 puis 7m3
 

A noter qu'en été, les gorges sont à sec. La seule section navigable est alors les 8km entre Collias et le pont du Gard (Remoulins).
Nous garons le fourgon le vendredi soir au bord de l'eau à 300 m du pont de Russan. Minestrone bio et pâtes aux cèpes, et zou sous la couette pour une nuit confortable sur un vrai matelas. Lever vers 8h:

Trop dure la torture du soleil dans les yeux !
Petit déjeuner copieux, rangement du matériel de camping, préparation du bateaux, gilets, pagaies, casse croûte pour midi, retour du fourgon sur le parking derrière l'église. L'église de Russan est située en bas du village, au niveau du pont, et une pierre, posée au-dessus de la porte marque le niveau atteint par le Gardon lors de la crue de 2002. Bref, à 11h, nous voilà partis.

Le départ et le 1er "mini rapide de schtroumpf" en vidéo.
Celui-là était simplissime, tout droit, juste assez d'eau, pas d'obstacle, parfait pour rassurer Véronique. Nous marquons un petit arrêt rapide dans le contre-courant en rive droite, histoire de jeter un dernier regard sur le pont de Russan. Les rapides suivants ne seront pas tous aussi faciles !

Nous entrons dans les gorges du Gardon
Visiblement, en février 2011, il y avait plus d'eau, et plus de courant aussi.

Je n'ai malheureusement pas filmé TOUS les rapides, quelques uns ont échappé à ma vigilance, et notamment le 2ème qui était un peu plus technique, il a fallu slalomer un peu entre les cailloux, mais dans un courant toujours faible, où on manoeuvre facilement.

Ici, on ne peut pas vraiment parler de "rapide", c'est juste une légère accélération du courant, sans obstacle ni virage, on admire le paysage.

Le rapide suivant est déjà un poil plus technique: la veine d'eau (nous avons opté pour celle de la rive gauche) est étroite, et la rivière décrit une courbe à gauche, avec un rocher dans le virage. Le passage demande un peu d'attention et de réactivité.

Ici, autant lâcher le morceau tout de suite: nous avons eu une petite frayeur. Ca démarre par un échouage en bonne et due forme, sur un banc de galets au milieu de la rivière, suite à un mauvais choix: j'ai misé sur la rive droite, peut-être que ça passait mieux à gauche, mais rien n'est moins sûr. Echouage sans conséquence, il y a 10 cm d'eau et peu de courant. Pendant que je tire le canoë sur 1 mètre ou 2, je jette un coup d'oeil rapide sur la suite: ça ne semble pas plus difficile que le passage précédent: à 100 m de là, 2 rochers avec un peu d'écume. Erreur ! Nous aurions dû profiter de ce que nous étions tankés sur les galets pour aller voir de plus près à quoi ressemblait vraiment ce rapide: en réalité il y a une petite déclivité (50-60 cm) qui pourrait se sauter en rive droite si ce n'était le manque d'eau (15 ou 20 cm au plus donc un risque élevé de rester coincé en équilibre précaire sur le bord du rocher dans une situation délicate). En rive gauche court un filet d'eau. Et au centre, dans l'axe, je repère ce qui de loin ressemble à un entonnoir et que je vise donc tout naturellement. Effectivement, c'est bien la veine d'eau où passe le courant principal donc à priori tout va bien. Sauf que cet entonnoir n'est pas droit. Il forme un coude vers la droite, avec un beau rocher sur la gauche, et quand je m'en aperçois, il est trop tard pour faire demi-tour ! Heureusement, le courant nous pousse assez fort, le bateau gonflable est solide tout en possédant une relative souplesse et le choc est bien absorbé par les boudins. On en est quitte pour une simple frayeur et un gros juron !! Ensuite, c'est Nicolas Hulot au milieu des poissons !

Pour le passage suivant, j'ai volontairement coupé le son car ce fut un de ses moments (heureusement fort rare pour nous !) où le canoë mérite son surnom canadien de "divorce boat" !! Aucun danger, aucune difficulté ici, sauf que nous entrons par la veine d'eau de droite et que soudain, suite à une question de Véronique ("et là on va où ?" qui m'a un peu fait penser aux célèbres "elle est où la piste ?" de ma mère quand on skiait par temps de brouillard, c'était il y a 30 ans !!!), je me suis dit que peut-être nous serions mieux à gauche ! C'est simple, il suffit de traverser. Oui MAIS ! Entre 2 veines d'eau (au centre donc), que fait le courant ? Et bien, il est moins rapide, on peut l'assimiler à un contre-courant ! MAINTENANT je le sais ! Et qu'est ce qui se passe quand on met le nez du bateau dans un contre ? Et bien le bateau part en tête à queue ! Surtout quand on ne s'y attend pas et que ce n'est pas volontaire. Nous avons donc effectué un très joli 360°, heureusement sans conséquence car là encore, pas d'obstacles, peu de courant et rivière large. Et nous nous sommes retrouvés dans la veine d'eau de gauche. Je pense qu'en ballet on aurait pu avoir une assez bonne note de style !

Après une rapide pause casse-croûte, nous passons vers 14h sous le Pont St Nicolas. Nous avons parcouru 13 km. Il en reste 11 jusqu'à Collias. Là encore une pierre a été scellée, en rive droite, à 2m au-dessus de la route (donc au-dessus du pont) pour marquer la crue de 2002.
Aujourd'hui il n'y a plus que 2 archers pour défendre le pont !!
J'ai aussi "oublié" de filmer le rapide suivant. Pourtant il mérite d'être signalé, et surtout reconnu ! C'est un rapide en forme de S avec une 1ère courbe vers la droite puis une seconde moins marquée vers la gauche. La 1ère passe bien, sans encombre. Par contre la 2nde est + compliquée. La veine d'eau principale part sans aucun doute vers la droite. Mais elle ne semble pas très large, bordée de gros rochers, et surtout j'ai l'impression qu'elle présente un virage assez prononcé ! Il y a aussi une petite veine d'eau en rive gauche (à l'intérieur de la courbe), vraiment étroite, mais sans doute suffisante. Devinez ce qu'on a fait ? Gauche - droite - gauche - droite - hésitation et hop, une nouvelle fois échoués au milieu, sur des rochers, avec de l'eau à mi-mollet et tout de même un peu de courant dû à une pente un peu marquée. J'ai tiré le bateau jusqu'au rivage à gauche, sans difficulté.

Les 2 derniers rapides furent une simple formalité, en ligne droite ... Véronique n'était plus trop rassurée, donc nous avons débarqué et repéré à chaque fois la meilleure trajectoire.
Voici le premier.

Et voilà le second:
Plus joli que l'Ardèche ?
En action, dans la photo !

Nous passons ensuite au pied d'une maison "troglodyte" construite littéralement dans la falaise:

Puis nous avons du lutter contre le vent sur l'interminable planiol crée par le barrage de Collias où nous avons débarqué sur le coup de 17h.
Ici, je remercie chaleureusement le couple (et leur chienne croisée griffonne) qui nous a très gentiment proposé de ramener Véronique à Russan pour récupérer le fourgon. Ils ont fait un aller-retour Collias - Russan - Collias (où il devaient dîner) juste pour rendre service. Un geste que nous avons beaucoup apprécié.

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